• Mon pèlerinage en Inde - 1

     

     

    Mon pèlerinage en Inde

    15/12/2010 – 01/01/2011

     Kitty

     

    En Septembre 2010, je décidai d’entreprendre un pèlerinage en Inde avec un groupe de fidèles de la Pagode Van-Hanh à Nantes. Il m’a fallu 2 mois entiers pour obtenir tout ce qu’il fallait, billets d’avions, passeport et visas. Souvenez-vous que votre passeport doit être encore valide au moins 3 mois après votre départ du pays que vous visitez, c’est une loi internationale. J’étais très contente, je me frottais les mains : « Il ne reste plus qu’à attendre le jour du départ. »

    Mais … (Pourquoi y-a-t-il toujours des ‘MAIS’ ?) deux semaines avant le départ, j’eus soudainement toutes sortes de problèmes de santé, et de graves, par dessus le marché ! Devrais-je annuler le voyage ? « Ce n’est pas sérieux », me suis-je dit. J’avais promis à une amie que nous allions entreprendre ensemble ce voyage. Une promesse est une promesse. Le Vénérable de la Pagode Van-Hanh était aussi au courant de ma participation. Je décidai alors d’entreprendre le voyage quand même après avoir consulté mes médecins. Ils m’ont autorisée à y aller après m’avoir donné toutes sortes de conseils (ou plutôt des ordres) exprès et précis.

     

    15/12/2010. Le jour du départ est arrivé - un peu trop tôt pour moi. Le cousin de mon amie nous emmena en voiture à l’aéroport de Bordeaux à 3h du matin, puis de là nous prîmes l’avion pour New Delhi avec escale à Amsterdam. A l’aéroport d’Amsterdam nous rejoignîmes les autres groupes du pèlerinage: le plus nombreux était celui de Nantes, un autre groupe était venu du Danemark ainsi qu’une femme seule d’Allemagne. Ensemble nous prîmes l’avion pour New Delhi. Nous y arrivâmes à une heure du matin le 16/12/2010. Ici deux autres groupes nous attendaient: l’un du Viet-Nam et l’autre d’Australie. Une religieuse Vietnamienne, Sœur Tuê-Dam-Huong, qui avait fait des études Bouddhistes en Inde et qui s’y trouvait à ce moment là, nous accueillit et nous amena à un hôtel à New Delhi pour y passer le reste de la nuit. Dans le groupe de Nantes, il y avait 4 Françaises ; une Vietnamienne parmi les fidèles du groupe de Nantes, connaissant bien les termes Bouddhistes, fit office de traductrice pour ces dames.

     

    Notre pèlerinage à partir de ce jour-là fut organisé de A à Z, itinéraire, hôtels, restaurants, autocar, par Sœur Tuê-Dàm-Huong pour nous tous. Nous étions 35 au total, y compris le Vénérable Thich-Thiên-Huê venant du Viêt-Nam, le Vénérable Thich Nguyên-Lôc, supérieur de la Pagode Van-Hanh, le vénérable Thich-Nguyên-Hùng, Sœur Tâm-Nghia de la Pagode Van-Hanh, Sœur Tuê-Dàm-Huong elle même et nous autres, simples mortels, des quatre coins du monde. J’étais la plus âgée du groupe ; on me réserva la priorité, une place dans les premiers rangs de l’autocar, pour être moins secouée, car les routes étaient « infernalement » cahoteuses d’après ceux, les jeunes, qui étaient à l’arrière de l’autocar.

     

    Sœur Tuê-Dàm-Huong fut très minutieuse dans son organisation, car elle avait de l’expérience. Nous nous vîmes distribuer un chapeau en toile identique pour chacun, afin de nous reconnaître et de ne pas nous égarer. Dans l’autocar nous étions priés de rester toujours à la même place, et de vérifier si notre voisine était bien là chaque fois que nous montions dans l’autocar avant de quitter un lieu. (Ce qui était complètement superflu, car, notre guide Indien « comptait » nos têtes très consciencieusement à chaque fois.)

    Dans l’autocar, nous avions un chauffeur, un aide-chauffeur et un guide indiens. Tous les trois, travaillaient pour nous presque 14 à 16 heures par jour.

     

    L’itinéraire de notre pèlerinage était choisi au mieux en fonction de la proximité des sites par rapport aux routes empruntées, et non selon l’ordre des événements dans l’histoire. Les quatre sites principaux de notre pèlerinage étaient : le lieu où le Bouddha est né, le lieu où il atteignit le Suprême Eveil, le lieu où il donna son premier sermon, et le lieu où il passa au Nirvana.

     

    16/12/2010. Nous prîmes l’avion pour Vârânasî ; Cette première portion de voyage en Inde était la seule faite en avion, les autres parcours seraient tous réalisés en autocar.

    A chaque lieu saint, le Vénérable Thich-Nguyên-Hùng nous racontait ce qui s’était passé en ce lieu autrefois, d’après les sutras. Je vais essayer de noter ici ce que j’ai pu entendre et enregistrer dans ma mémoire entre mes quintes de toux à dechirer les poumons, car à cet époque ci, il faisait froid aussi là-bas, en Inde. Après deux jours, tout le monde, sans exception, était tombé malade. Nous pensions tous que le climat serait doux en Inde et n’avions pas amené de vêtements adéquats.

    Nous sommes restés deux nuits à Vârânasî dans un hôtel.

     

    17/12/2010 : Le Parc des gazelles

     

    Nous visitâmes le Parc des gazelles où, après avoir atteint l’Eveil, Bouđha Siddharta Shākyamuni avait fait son premier sermon sur les Quatre Nobles Vérités aux 5 frères Kondanna, qui étaient ses anciens amis ascètes, et qui avaient déjà tant admiré le prince pour son observance rigoureuse de la pratique de l’ascèse. Ce sermon appelé la Mise en mouvement de la roue du dharma, a été traduit en plusieurs langues, et gravé sur des plaques en marbre. Comme j’étais émue de voir la version Vietnamienne présente parmi les autres versions autour de la place des statues du Bouddha et des cinq frères Kondanna !

    Dans le parc, de jeunes enfants vendaient de la nourriture pour les gazelles, des fruits sauvages, et nous étions ravis de pouvoir donner à manger aux gazelles, de caresser leurs têtes, et de les regarder les yeux dans les yeux ; leur regard était si doux. Mais tout d’un coup, je fus frappée par une pointe de douleur, de lire dans leurs yeux une note de profonde tristesse ! (Le parc a un grillage en métal bien solide ! )

     

    Pourquoi Bouddha a-t-il choisi de faire son apparition dans ce pays ? Le Vénérable Thich Nguyên Hùng nous expliqua, le soir après le repas :

     

    * C’est un pays où règne particulièrement l’injustice à cause de la division de la société en castes. (4 castes différentes, hiérarchisées, endogames et héréditaires, et une 5ème catégorie, dite "hors-caste", où sont classés les "intouchables" considérés comme impurs, la classe la plus basse, la plus méprisée de la société). Bouddha était le premier révolutionaire dans l’histoire de l’homme à vouloir abolir cette injustice. Il a dit : « Il n’y a pas de classes sociales différentes quand nos larmes sont également salées, et notre sang également rouge ».

    * C’est un pays où il y a le plus de religions différentes, plus de 90 religions, mais aucune de ces religions n’a pu répondre à la question « Comment mettre fin à la souffrance ». L’enseignement du Bouddha nous montre la voie du salut.

    * C’est une des plus vieilles civilisations du monde. Le Bouddhisme, la fleur de cette civilisation, est un message d’amour et de sagesse, le chemin vers le bonheur suprême.

    * Enfin, c’est un pays pauvre, très pauvre, où il y a beaucoup de misère et de souffrance, seule la compassion d’un boddhisatva ou d’un Bouddha pourrait le sauver.

     

    18/12/2010 : Visite du Gange à Bénarès

     

    Le Gange tient une place très importante dans la vie des Indiens, non seulement sur le plan géographique, économique, mais il détient aussi un caractère sacré lié à la religion. Le Gange, fleuve de 3090 km, né dans l’Hymalaya, le toit du monde, se jette dans le Golfe du Bengale en passant par Kanpur, Bénarès et Patna. Les Indiens : hindouistes, musulmans, sikhistes, jaïnistes … etc… croient que l’eau du Gange a le pouvoir de purifier l’âme du mort, et de la diriger tout droit au paradis. En plus, en Inde il y a aussi une religion qui vénère l’Eau. Mais dans les sutras bouddhistes, il n’y a que la mention de « sable du Gange » pour désigner un chiffre incommensurable qu’on ne peut pas évaluer, comme les grains de sable du Gange. Les Indiens croient aussi que le feu a le pouvoir de purifier l’âme des morts. Ainsi la coutume Indienne depuis la nuit des temps veut que les morts soient brulés, et leurs cendres jetées dans le Gange. Les bouddhistes ne représentent que 10% de la population Indienne.

    Ici nous louâmes une petite barque pour aller au large, loin du rivage, y déposer de petites assiettes creuses flottantes, remplies de fleurs (des oeillets) et portant chacune une petite bougie. Ces gestes sont symboliques, accompagnés de nos prières, pour guider et éclairer les âmes errantes à trouver le bon chemin.

    Le long de la berge, les gens se baignaient, lavaient leur linge et leurs ustensiles. Des saris multicolores séchaient, étendus, sur les marches, ce qui rendait les berges du Gange très colorées. Le long de la berge aussi, parfois on pouvait voir une estrade en ciment pour incinérer les morts, et des réserves de bois de chauffage. Les riches pouvant se procurer beaucoup de bois, leurs corps seront ainsi bien incinérés, il n’en restera que des cendres. Les pauvres, qui ne peuvent se procurer que quelques branches, auront parfois leurs corps seulement à moitié brûlés, et seront jetés tels quels dans le Gange !!!

     

    L’après midi, nous quitâmes Vârânasî pour aller à Bodh Gaya en autocar.

    Après seulement quelques trajets, nous avons pu constater que les Indiens dans ces petites villes sont bien pauvres, vu les innombrables huttes le long des routes, (si encore on pouvait les appeler ‘huttes’). Partout il y a des mendiants, des centaines, hommes, femmes, enfants, handicapés … surtout dans les lieux saints où il y a des touristes en pèlerinage. Partout règnent la pauvreté et la misère.

    L’Inde est un pays de poussière ! Les feuilles au bord des routes sont couvertes d’une couche épaisse de poussière, si épaisse que la pluie n’arrive pas à les nettoyer. Des vaches se promènent tranquillement dans les rues, c’est aux voitures de les éviter. Leurs excréments sont utilisés comme combustible pour le chauffage, après avoir été comprimés à la main en petits gâteaux ronds, aplatis et séchés sur l’herbe au bord de la route, ou collés bien alignés au mur. (Je croyais au départ que c’était une sorte de décoration des murs nus ! )

    Les légumes étalés dans les marchés exhibaient un vert bien tendre, bien frais, et comportaient toutes les variétés (ou presque) qu’on trouve chez nous, au Viet-Nam. Sûrement ils étaient très « BIO », cultivés avec du fumier naturel, des excréments de vaches, de porcs (et peut être aussi d’humains !) On nous conseillait de ne boire que de l’eau en bouteille, même pour nous brosser les dents. « Les légumes dans nos assiettes sont-ils lavés avec de l’eau en bouteille ? » me suis-je demandé. Le premier soir, à notre arrivée à la pagode Viên-Giac à Bodh Gaya, après une longue journée de route en autocar bien fatigante, nous avions tous très faim. Nous étions si contents et heureux de nous voir servir de la soupe « bun riêu » tellement appétissante avec de la salade verte, fraîche et tendre ! Nous nous étions tous bien régalés après trois jours au régime curry Indien dans les hôtels. Le lendemain tout le monde avait « mal au ventre » ! Je me suis dit « il faut laver les légumes avec du permanganate de potassium ! ».

    Nous arrivâmes à la Pagode Viên-Giac à Bodh Gaya vers 19 heures, il faisait déjà nuit. La Pagode se trouvait à moins de 10 minutes à pied du parc Maha Bodhi.

    La Pagode possède plusieurs chambres, suffisamment pour nous héberger tous, avec un minimum de confort, une large salle à manger et une salle de prière spacieuse. Tous les soirs nous faisions la prière ensemble, ou nous écoutions le Vénérable Thich Nguyên-Hùng expliquer les sutras.

     

    19/12/2010 : Le Parc Maha Bodhi à Bodh Gaya.

     

    Tous les jours, à 5h du matin, nous nous rendions à pied au temple Maha Bodhi pour prier près de l'arbre bodhi où Bouddha atteignit l'Eveil. Soeur Tuê-Dam-Huong nous a donné à chacun une lampe de poche.

    Un mur assez haut en maçonnerie entourait et protégeait le pied de l'arbre. En réalité, l’arbre originel au pied duquel Bouddha était assis en méditation jusqu'à son Eveil a été détruit plusieurs fois après de nombreuses guerres religieuses. Il aurait été replanté à chaque fois à partir d’une bouture Sri-Lankaise. Selon un archéologue anglais, le dernier remplacement aurait eu lieu il y a environ 150 ans.

     A côté de l’arbre bodhi, un temple en forme de pyramide de plus de 60 mètres de hauteur a été érigé vers le IIIème siècle av. J.-C. par le roi Ashoka.  A travers des siècles, ce temple a été à plusieurs reprises restauré. La base du temple est un carré, mesurant plus de 35m de côté. Au tour du temple, il y a une large allée dallée en marbre blanc. C’est le cœur du parc de méditation. Le temple se trouve dans une vallée. Depuis l’entrée, il faut descendre plusieurs volées de marches. Les fidèles et touristes en pèlerinage viennent ici très nombreux pour prier ou faire la méditation en marchant. C’est pourquoi nous nous rendions ici tous les jours, tôt le matin, à 5h, à fin de trouver une place pour nous tous, 35 personnes. Il y avait bien d’autres groupes de pèlerins, Thais, Japonais, Chinois, Tibétains … et Vietnamiens aussi.

    Dans la salle principale du temple, il y avait une grande statue du Bouddha assis. Les fidèles se bousculaient dans la salle devenue bien trop étroite. Des gens apportaient en offrande au Bouddha des pièces d’étoffe en soie jaune d’une dizaine de mètres chacune. Et à chaque fois, le moine en charge du temple changeait l’habit du Bouddha. Ainsi, il le changeait plusieurs fois par jour. Soudain, je me souvins d’une petite anecdote que le Vénérable nous avait racontée : Quand Bouddha revint dans son pays natal après avoir atteint l’Eveil, sa mère nourricière, la reine Maha Gautami, lui confectionna des toges en brocart jaune. Bouddha les refusa, disant qu’il avait déjà ses trois toges, et que c’était suffisant. Dans le règlement du sangha (communauté spirituelle), fixé par le Bouddha lui même, chaque moine avait droit seulement à 3 toges, et une seule écuelle.

    Notre pèlerinage coïncidait avec la visite de Sa Sainteté le Karmapa-Lama. Celui ci, est la 17ème réincarnation d’un ancien maître dans le passé. C’est pourquoi le parc de méditation était bondé de moines Tibétains en toges rouges ou jaunes qui occupaient toutes les pelouses étagées du parc. Le temple et le parc étaient toujours décorés de fleurs, de vraies fleurs, (Je les ai touchées) en particulier des oeillets jaunes et rouges enfilées en guirlandes. Les statues de Bouddha à l’intérieur du, temple, comme à l’extérieur, des centaines, avaient toutes des guirlandes de fleurs sur les épaules. (Ou peut être à cause de la visite du Karmapa-Lama ?) Partout il y avait des feuilles d’or collées sur les statues et aux murs.

    Après avoir quitté le palais, et pendant son errance en quête de la Vérité, le prince Siddharta Gautama du clan Shākya a rencontré un groupe d’ascètes, les frères Kondanna (Kondanna, Vappa, Bhaddiya, Mahānāma et Assaji), et il les a suivis. Pendant 6 années de pratique de l’ascèse stricte et austère, (ne mangeant qu’un grain de césame par jour) le prince était devenu squelettique, et n’avait plus que la peau sur les os. Un jour il alla à la rivière pour se baigner, il s’évanouit.
    Une jeune villageoise du nom de Sujata, passant par là lui offrit un bol de lait, ce qui le réanima et le sauva. Le prince comprit alors que mortifier le corps ne mène pas à l’Eveil (ou connaissance suprême). Il jeta le bol dans la rivière en se disant, « si je ne trouve pas la voie du salut, ce bol suivra le courant et ira à la mer », mais le bol s’est retourné vers l’amont. (Cette rivière, Niranjana, maintenant asséchée, n’est plus qu’un banc de sable). Le prince décida de quitter ce lieu, d’abandonner ses pratiques ascétiques, et de vivre ni à un extrême, ni à un autre, conscient de la signification profonde du Chemin du Milieu. Il alla dans une forêt dense, et choisit de s’asseoir au pied d’un figuier, en faisant vœu de ne pas bouger de là avant d’avoir atteint l’Illumination. Les oiseaux et autres animaux de la forêt lui apportèrent des fruits pour le nourrir. Ici aussi, un jour, un chevrier passant par là avec des bottes d’herbe fraîchement coupée, voyant le prince assis par terre sur des cailloux, lui offrit ses bottes d’herbe pour en faire un coussin moelleux. Ce coussin ensuite devint un « trône de diamant ».

    Après 49 jours de méditation le prince atteignit le Suprême Eveil, et devint Bouddha Siddharta Shākyamuni.

    Il avait 35 ans.

    Le figuier au pied duquel il était assis fut alors appelé "bodhi" (bodhi = éveil) et devenu l’arbre sacré (ficus religiosa), le symbole de l’enseignement du Bouddha. En 288 av. J.-C., une branche de l’arbre originel qui s’était détachée d’elle-même fut apportée à Sri Lanka par la fille du roi Ashoka, Sanghamitta. Le roi de Sri Lanka, Devanampiya Tissa, planta la bouture en grande cérémonie. Cet arbre (à Sri Lanka) est le plus ancien angiosperme du monde planté par l’homme. Le présent arbre bodhi du Parc Maha Bodhi à Bodh Gaya est donc un « descendant » de l’arbre originel.

       

    (à suivre)


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