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    Mon pelerinage en Inde

    (Suite et fin) 

     

     26/12/2010. Vaïsali.

     

    Visite des ruines de l’amphithéâtre Kūṭāgarasālā, du bassin Markaṭa-hrada creusé par des singes pour que le Bouddha puisse s’y baigner, et du Pilier d’Ashoka encore intact.

    Après la mort du roi Suddhodana, la reine Maha Gautami, mère nourricière et tante du Bouddha, et ses 500 servantes ont prit la route, à pied, depuis Kapilavastu à Vaïsali où se trouvait Bouddha Shakyamuni à ce moment là, pour lui demander de les autoriser à le suivre en tant que nonnes dans le sangha. Leurs pieds étaient en sang. Bouddha ne voulait pas les accepter pour plusieurs raisons. Mais quand Ananda, son disciple et aide personnel lui demanda : « Les femmes pourraient-elles devenir Bouddha ? » Il a répondu « Oui ». Ainsi Maha Gautami et ses servantes furent admises dans le sangha.

     

    27/12/2010. Le jardin de Lumbini, au sud du Népal (près de la frontière Népal-Inde).

    En tant que lieu de naissance du Bouddha, attesté par l’inscription figurant sur le pilier d’Ashoka, la zone sacrée de Lumbini est l’un des lieux saints les plus importants de l’une des grandes religions du monde. Lumbini présente des vestiges archéologiques de monastères bouddhistes et de stupas commémoratifs bouddhistes datant du IIIème siècle av. J.-C. au XVème siècle de notre ère, qui fournissent un important témoignage sur la nature des centres de pèlerinage bouddhistes depuis une époque très ancienne.

     Il y a plus de 2500 ans, la reine Maha Maya, femme du roi Suddhodana de Kapilavastu, du clan Shakya, fit un rêve aussi étrange que merveilleux dans lequel un éléphant blanc doté de 6 défenses et irradiant une lumière éblouissante s’approchait pour se fondre en elle. La reine se réveilla, se sentant comblée d’un bonheur sans précédent. Informés de ce rêve, les sages de la cour déclarèrent que la Reine donnerait le jour à un fils promis à un bel avenir. Comme le voulait la coutume, lorsque l’époque de la délivrance fut proche, la reine, accompagnée de sa suite, s’en retourna chez ses parents. En chemin, elle s’arrêta pour se reposer dans les splendides jardins de Lumbini, et ce fut là, cramponée à la branche d’un arbre, que la Reine donna naissance à son enfant, le prince Siddharta. C’était en l’an 623 av J.C.

    Visite des « ruines » de la cité royale de Kapilavastu où le prince Siddharta a vécu jusqu’à l’âge de 29 ans.

    Il y avait beaucoup d'événements miraculeux accompagnant la naissance du prince Siddharta. Les sages prédisaient qu’il serait un grand homme, un roi omnipotent. Le roi Suddhodana fut particulièrement fier de son fils, pensant qu’il serait un roi encore plus puissant que lui même. Cependant, un des sages prédisait que le prince choisirait une vie de pauvre pour sauver l’humanité. Craignant que cette dernière prédiction ne se réalise, le roi aménagea à son profit un environnement exclusif de plaisirs, de luxe et de beauté. Il fit construire trois palais dans l’enceinte de la cité, pour les trois saisons : printemps, été et automne-hiver. Ainsi le jeune prince grandit, confiné dans la cité royale, entre ces trois palais, protégé par son père afin qu’il ne puisse ni voir ni connaître les disgrâces de la vie. Quand le prince eût 29 ans, le roi pensa à lui céder le trône. Le prince lui demanda la permission de faire un tour hors de la cité royale. Le roi accepta pensant que son fils devait connaître son peuple pour pouvoir régner efficacement. Pendant cette sortie, le prince  découvrit la souffrance endémique à laquelle personne ne pouvait échapper : la naisance, la maladie, la vieillesse, la mort...

    Naître c’est souffrir, vieillir c’est souffrir , être malade c’est souffrir, mourir c’est souffrir. Tout au long de l’existence, la souffrance ne cesse de manifester sous toutes ses formes, à la moindre occasion elle se manifeste par un acte ou un sentiment de l’homme. Ainsi l’amour est souffrance quand on perd un être cher ou que l’on en est séparé. La haine est souffrance quand on songe à faire du mal à son ennemi. Le désir est souffrance quand on n’obtient pas ce à quoi l’on aspire ou qu’on perd ce à quoi l’on tient le plus. L’insatisfaction est soufrance … 

    Le prince alors décida de quitter le palais et partit à la recherche de la Vérité : D’où vient la souffrance, comment s'affranchir de la souffrance.

     

    28/12/2010 : Visite du monastère (ruines) du bosquet Jeta-Anāthapindika à Sravasti.

    Quand Bouddha accepta l’invitation du richissime Anāthapindika à venir à Sravasti, ce dernier s’empressa de chercher un endroit convenable pour aménager la résidence du Bouddha et du sangha. Il découvrit ce bosquet appartenant au Prince Jetakumāra. Il supplia le prince de le lui céder ; le prince lui répondit : « Vous ne pourrez jamais ! Je ne le vendrais que si vous tapissiez toute la surface du bosquet avec de l’or ». Anāthapindika accepta le prix et fit parvenir des charriots et des chariots d’or pour tapisser le sol avec des pièces d’or juxtaposées. Cependant ce premier convoi d’or n’était pas suffisant pour couvrir tout le terrain du bosquet ; il restait encore une parcelle près du portail non couverte d’or, Anāthapindika ordonna à son serviteur d’apporter d’autres chariots d’or. Mais, profondément ému par la sincérité et l’enthousiasme d’Anāthapindika, le prince le supplia alors de lui laisser cette parcelle de terrain, qui serait sa propre contribution. Et ainsi ils construisirent le monastère, et la résidence du Bouddha. Le monastère a été toujours mentionné dans les sutras comme « Jeta-Anāthapindika ārāma ». (ārāma en pali veut dire résidence en saison de pluie)

    Bouddha résida ici 24 saisons de pluie.

    La plupart des sutras ont été enseignés ici, dont le sutra de La Terre Pure d’Amitabha,  que nous avons souvent récité, commençant par : « Ainsi ai-je entendu dire le Bouddha un jour où il demeurait près de Sravasti dans le monastère du bosquet Jeta-Anathapindika… ».

     

    29/12/2010 : Kushinagar où Bouddha entra au Nirvāna.

    C’était dans un petit bois de salas (santaliers blanc), après avoir accepté un repas chez un forgeron du nom de Cunda. Celui ci a servi au Bouddha une soupe aux champingons. Bouddha savait que c’était un champignon extrêmement vénéneux. Les disciples avaient très peur pour Cunda, mais Bouddha commanda à Ananda de veiller à ce que nul ne trouble son dernier hôte à ce sujet. Cunda était complètement bouleversé pensant qu’il avait empoisonné Bouddha. Mais Ananda l’a consolé en disant qu’il avait en fait gagné beaucoup de mérite en faisant la dernière offrande à Bouddha avant le passage de celui-ci au Nirvana. Il est dit que Cunda atteignit le stade de "sans rechute" dans sa voie vers le Boddhisattva. Bouddha expira en méditant, souriant, couché sur le côté droit, face tournée à l’ouest: C’était ainsi qu'il entra au nirvâna. Il avait 80 ans.

    A Ananda qui s’inquiétait de n’avoir plus de maître, le Bouddha a dit : « L’Enseignement que j’ai laissé sera votre maître ».

    Durant les quarante-cinq dernières années de sa vie, Bouddha Shakyamuni sillonnait la vallée du Gange et de ses affluents, prêchant sa doctrine. Son enseignement était toujours adapté à la réceptivité de son public.

     

    Que signifie « Nirvana » ? Le Vénérable Thich Nguyên Hùng nous explique :

    C’est l’état d'un être qui n'est plus soumis aux changements ou modifications, qui est définitivement libéré de la forme, ainsi que de tous les autres accidents ou liens de l'existence manifestée. Les quatre vertus du Nirvana sont : la permanence, la joie, le soi, la sérénité.

    La permanence : le non-changement. Etant situé en dehors de l'espace/temps, le nirvana ne connaît pas de fin.

    La joie : L'existence que nous connaissons est imbue de souffrances. Le but de l’enseignement du Bouddha n’est pas d’endurer la souffrance mais de se réjouir de la joie.

    Le soi : Pour le bouddhisme, le sentiment du "je suis" est non seulement illusoire mais le fait de considérer l'ensemble des agrégats comme un soi et de s'y attacher est la cause essentielle de la souffrance. Au moment de quitter la vie, tout être humain attaché au sentiment du soi, éprouve un fort désir de la continuité de ce soi. C'est ce désir qui le conduit à la renaissance dans le cycle sans fin des souffrances. Ainsi la notion purement individuelle de la personnalité doit disparaitre au profit d'une perception d'un "soi suprapersonnel", le  "non-soi".

    La sérénité : Le monde dans lequel nous vivons est souillé par le chagrin et par la souffrance. Avec un cœur chagriné tiraillé par la souffrance, nous ne pouvons pas concevoir la sérénité de la terre pure du Bouddha. Il faut nous libérer de tout chagrin, de toute souffrance pour atteindre cette sérénité imperturbable.

    Au Temple Mahaparinirvāna nous avons pu contempler et nous prosterner devant la statue du Bouddha couché. Des pèlerins des quatre coins du monde venaient ici pour contempler la statue du Bouddha ; il y en avait qui étaient en train de coller des feuilles d’or aux talons du Bouddha. Le temple était toujours bondé de pèlerins.

    Sept jours après sa mort, le corps du Bouddha fut incinéré sur un bûcher de bois de santal. Bouddha avait donné l’instruction à ses disciples, de laisser la tâche aux nobles de la tribu Malla de la région. Mais au moment d’allumer le feu, ceux-ci n’y arrivèrent pas. Il a fallu attendre le retour de Mahakassapa qui était en tournée d’enseignement ailleurs. Mahakassapa revint à toute vitesse. Il est dit qu’à l’arrivée de Mahakassapa, le pied de Bouddha se pointa en dehors du bûcher pour que Mahakassapa puisse y toucher sa tête en guise d’hommage rendu à son maître, puis le bûcher s’alluma tout seul (selon le sutra Agama). Les cendres du Bouddha furent divisées en 8 parties, et données à 8 des 16 pays de l’Inde de cet époque.

     

    30/12/2010 : Sur la route vers New Delhi, visite du mausolée Taj Mahal, à Agra, classé comme la 7ème merveille du monde.

    C’est un immense mausolée tout en solide marbre blanc, construit au bord de la rivière Yamuna, par l’empereur Moghol Chah Djahan en l’honneur de son épouse Mumtaz Mahal, pour immortaliser son amour pour elle. La reine est morte après avoir mis au monde son 14ème enfant. La construction du mausolée (début 1631) a mis 22 ans.

     

    L’après midi: “ Shopping ”.

    Nuit:  à l’hôtel Country Inn à New Delhi.

     

    31/12/2010 : Visite du Musée national de l’Inde à New Delhi.

    Ici, nous avons pu contempler les reliques (cendres) du Bouddha, exposées dans un petit stupa en or massif offert par le roi Thai au Musée. Ces reliques ont été découvertes par un archéologue français en 1918 à Uttar Pradesh. A la découverte (excavation) ces reliques étaient gardées dans une petite urne en marbre gris à 3 cloisons, portant des inscriptions conformes à des écrits du règne du roi d’Ashoka. C’était les reliques appartenant à Kapilavastu.

     

    L’après midi : Shopping

     

    Le soir: Fin du pèlerinage et le grand départ.

    Les groupes venant du Viet-Nam et d’Australie partaient vers 7h du soir pour l’aéroport. Nous autres, venant d’Europe, (de France, du Danemark et d’Allemagne), nous prenions tous l’avion vers 11h du soir pour Amsterdam, puis de là, à chacun son chemin !

    Nous nous sommes dit "Adieu" dans l’aéroport d’Amsterdam dans une atmosphère amicale bien touchante après tant de jours de vie ensemble. Tout le monde s’échangeait
    et numéro de téléphone, et adresse e-mail, espérant garder encore le contact. Nous nous échangions aussi des voeux de Bonne Année, car c’était le 1er jour de l’an !

    Une petite pointe de tristesse restait lancinante dans mon âme : A côté de tant de misère que j’ai pu observer chez les gens en Inde dans ces petites villes, aussi bien qu’au Viet-Nam, quand j’y pense, pourquoi ces pagodes (Vietnamiennes) sont elles construites avec une somptuosité si excessive ? Je me suis demandé « Que pense Bouddha de ce luxe ? ». Avec tout cet argent dépensé pour ces frivolités inutiles, on aurait pu faire des œuvres de charité d’envergure et de longue durée. C’est bien triste !

    Je suis rentrée chez moi à Périgueux à 3h dans l’après midi du 1er Janvier 2011. Après avoir allumé une baguette d’encens sur l’autel, pour remercier Bouddha de m’avoir autorisée à entreprendre le pèlerinage sans accident, j’allumai tout de suite mon ordinateur pour informer une amie (mon médecin conseiller) de mon retour sain et sauf. Elle m’a tout de suite répondu : « Merci pour ces nouvelles ... je suis rassurée...Vous avez été courageuse d'aller en Inde dans ces conditions... il faut avoir la foi pour faire cela et je vous admire.» Soudain je sentis une pointe dans mon coeur. « Ai-je vraiment la foi ? » Non ! Ce n’était qu’une décision inconsidérée de ma part. J’ai voulu être plus royaliste que le roi, en voulant tenir ma promesse !

    « Oh Bouddha miséricordieux ! Daignez accepter ma profonde repentance ! » je priai humblement dans ma tête et dans mon coeur.

     

    Pendant une dizaine de jours, l’air d’une petite chanson bien simple mais bien mignonne, résonnait sans cesse dans ma tête :

    « Ai nói gì thì ta cứ nghe… Asseyons nous, et respirons profondément, la tristesse se dissipera rapidement …Tra la la … »

    C’était la chanson que les Vénérables souvent entonnaient et que nous reprenions pendant les longs trajets en autocar.

    J’ai noté fidèlement ici ce que j’ai pu enregistrer dans ma mémoire, et certaines de mes pensées personnelles.

    Je dédicace ce récit à tous les amis qui ont entrepris ce pèlerinage avec moi. Je leur souhaite à eux tous ainsi qu’à leur famille, Santé et Bonheur au seuil de l’Année Nouvelle du Chat, en espérant que nous aurons l’occasion de nous revoir un jour.

    « Ce n’est qu’un au revoir ! … » n’est-ce pas, mes frères ?

     

     

    Kitty

    16 Février 2011


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